Deuxième version


LETTRE TRENTE-
SIX.

L

A tristesse de Dcterville & de sa sœur, mon cher Aza,

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a fait qu augmenter depuis notre retour de mon Palais enchanté : ils me font trop chers l'un & l'autre pour ne m'être pas empressée à leur en demander le motif; mais voyant qu'ils s'obftinoient à me le taire, je n'ai plus douté que quelque nouveau malheur n'ait traversé ton voyage, & bien-tôt mon inquiétude a surpassé leur chagrin. Je n'en ai pas dissimulé a cause, & mes amis ne l'ont pas laissé durer long-tems.

Déterville m
'a avoué qu'il

avoit résolu de me cacher le jour de ton arrivée, afin de me furprendrc, mais que mon inquiétude lui faisoit abandonner son dessein. En effet, il m'a montré une Lettre du guide qu'il t'a fait donner, & par le calcul du tems & du lieu où elle a été écrite, il m'a fait comprendre que tu peux être ici aujourd'hui, demain, dans ce moment même; enfin qu'il n'y a plus de tems à mefurcr julqu'à celui qui comblera tous mes vœux.

Cette p
premiere confidence faite, Déterville n'a plus hésité de me dire tout le reste de ses arrangemens. Il m'a fait voir l'appartement qu'il te destine : tu logeras ici, jusqu'à ce qu'unis

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unis ensemble , la décence ous permette d'habiter mon clicieux Château. Je ne te perrai plus de vûe, rien ne nous parera; Déterville a pourvu tout, Se ma convaincue plus ue jamais de l'excès de sa gé.

érosité.

Après cet éclaircissement
, ne cherche plus d'autre cause la triftefle qui le dévore que 1 prochaine arrivée. Je le lains : je compatis à sa dou:ur, je lui souhaite un boneur qui ne dépende point de es sentÎmens, & qui foit une igne rccompenfe de sa vertu.

Je dissimule même une par
e des transports de ma joie our ne pas irriter sa peine, c'est tout ce que ie puis faire.

mais je fuis trop occupée de mon bonheur pour le renfermer entièrement : ainsi quoique je te croie fort près de moi, que je tressaille au moindre bruit, que j'interrompe ma Lettre presque à chaque mot pour courir a la fenêtre, je ne laisse pas de continuer à t'écrire, il faut ce soulagement au transport de mon cœur. Tu es plus près de moi, il est vrai ; mais ton absence en est-elle moins réelle que si les mers nous fcparoient encore ? Je ne te vois

point, tu ne peux m'entendre, pourquoi cefferois-je de m'entretenir avec toi ae la feule façon dont je puis le faire?

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ncore un moment, & je te verrai j mais ce moment n'exit

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point. Eh ! puis-je mieux mployer ce qui me reste de n abience, qu'en te peignant 1 vivacité de ma tendresse 1 lélas ! tu l'asvûe toujours gcnissante. Que ce tems est loin e moi ! Avec quel transport il ra effacé de mon iouvenir!

za, cher Aza! que ce nom est doux ! Bientôt je ne t'appelrai plus en vain, tu m'entenras, tu voleras à ma voix : s plus tendres expressions de ion cœur feront la récompen.

:
de ton empressement.

  Première version


LETTRE TRENTE-
TROIS.


L
A tristesse de Déterville & de sa sœur, mon cher Aza, n’a fait quaugmenter depuis notre retour de mon Palais enchanté : ils me sont trop chers lun & lautre pour ne mêtre pas empressée à leur en demander le motif ; mais voyant quils s’obstinoient à me le taire, je nai plus douté que quelque nouveau malheur nait traversé ton voyage, & bientôt mon inquiétude a surpassé leur chagrin. Je nen ai pas dissimulé la cause, & mes aimables amis ne lont pas laissé durer longtems.

Déterville m
a avoué qu’il avoit résolu de me cacher le jour de ton arrivée, afin de me surprendre, mais que mon inquiétude lui faisoit abandonner son dessein. En effet, il ma montré une Lettre du guide qu’il t’a fait donner, & par le calcul du tems & du lieu ou elle a été écrite, il ma fait comprendre que tu peux être ici aujourdhui, demain, dans ce moment même ; enfin qu’il n’y a plus de tems à mesurer jusqu’à celui qui comblera tous mes vœux.

Cette p
remiere confidence faite, Déterville na plus hésité de me dire tout le reste de ses arrangemens. Il ma fait voir lappartement quil te destine, tu logeras ici, jusquà ce quunis ensemble, la décence nous permette dhabiter mon licieux Château. Je ne te perdrai plus de vue, rien ne nous parera ; Déterville a pourvu à tout, & m’a convaincue plus que jamais de lexcès de sa générosité.

Après cet éclaircissement
, je ne cherche plus dautre cause à la tristesse qui le dévore que ta prochaine arrivée. Je le plains : je compatis à sa douleur, je lui souhaite un bonheur qui ne dépende point de mes sentimens, & qui soit une digne récompense de sa vertu.

Je dissimule même une par
tie des transports de ma joie pour ne pas irriter sa peine. C’est tout ce que je puis faire ; mais je suis trop occupée de mon bonheur pour le renfermer entierement en moi-même : ainsi quoique je te croie fort près de moi, que je tressaille au moindre bruit, que jinterrompe ma Lettre presque à chaque mot pour courir à la fenêtre, je ne laisse pas de continuer à écrire, il faut ce soulagement au transport de mon cœur. Tu es plus près de moi, il est vrai ; mais ton absence en est-elle moins réelle que si les mers nous paroient encore ? Je ne te vois point, tu ne peux mentendre, pourquoi cesserois-je de mentretenir avec toi de la seule façon dont je puis le faire ? encore un moment, & je te verrai ; mais ce moment n’existe point. Eh ! puis-je mieux employer ce qui me reste de ton absence, quen te peignant la vivacité de ma tendresse ! Hélas ! tu l’as vue toujours gémissante. Que ce tems est loin de moi ! avec quel transport il sera effacé de mon souvenir ! Aza, cher Aza ! que ce nom est doux ! bientôt je ne tappellerai plus en vain, tu mentendras, tu voleras à ma voix : les plus tendres expressions de mon cœur seront la récompense de ton empressement… On m’interrompt, ce n’est pas toi, & cependant il faut que je te quitte.


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