Deuxième version


LETTRE TRENTE-
NEUF.

AU CHEVALIER DtTERVILLE.

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Maltbe.

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UISQUE
vous vous plai gniez de moi, Monsieur

vous ignorez l'état dont le cruels foins de Céline viennen de me tirer. Comment vousat rois-je écrit? Je ne pensois plu« S'il m'étoit resté quelque fer timent, sans doute la confiant

en vous en eût été un; ma environnée des ombres de 1 mort, le fang glacé dans li veines, j'ai long-tems igno ma propre existence; j'ave oublié jusqu'à mon malheu A

Ah, Dieux! pourquoi en me rappellant à la vie ma-t'on rappellée à ce Funeste souvenir !

Il est parti ! je ne le verrai plus
! il me fuit, il ne m'aime plus, il me l'a dit : tout est fini pour moi. Il prend une autre Epouse, il m'abandonne, l'honneur l'y condamne; eh bien, cruel Aza, puisque le fantastique honneur de l'Europe a des charmes pour toi, que n'imitois-tu aussi l'art qui l'accompagne !

Heureuse Françoise, on vous trahit ; mais vous jou
issez Ion tems d'une erreur qui feroit a présent tout mon bien. La dissimulation vous prépare au coup mortel qui me tue. Funefle sincérité de ma nation ,

vous pouvez donc cesser d'être une vertu ? Courage, fermeté, vous êtes donc des crimes quand l'occasion le veut ?

Tu m
'as vû à tes pieds, barbare Aza, tu les as vûs baignés de mes larmes, & ta fuite.

Moment horrible ! pourquoi ton souvenir ne m'arrache-t'il pas la vie?

Si mon corps n
'eût succombé fous l'effort de la douleur, Aza ne triompheroit pas de ma soiblesse Tu ne lerois pas parti seul. Je te suivrois, ingrat, je te verrois, je mourrois au moins à tes yeux.

Déterville, quelle foiblesse fatale vous a éloigné de moi
?

Vous m'eussiez sècourue ; ce que n'a pû faire le désordre de

mon désespoir , votre raison capable de persuader, l'auroit obtenu; peut-être Aza feroit encore ici. Mais, déja arrivé en Espagne au comble de ses vœux. Regrets inutiles.

défef
poir infructueux Douleur, accable-moi. Ne cherchez point, Monsieur, à surmonter les obllacles qui vous retiennent à Mal.

the, pour revenir ici. Qu'y feriez-vous? Fuyez unemalheureufe qui ne fent plus les bontés que l'on a pour elle, qui s'en fait un supplice, qui ne veut que mourir.

  Première version


LETTRE TRENTE-
SIX
Au Chevalier Déterville.

à
Malthe.


PUisque
vous vous plaignez de moi, Monsieur, vous ignorez létat dont les cruels soins de Céline viennent de me tirer. Comment vous aurois-je écrit ? Je ne pensois plus. S’il m’étoit resté quelque sentiment, sans doute la confiance en vous en eût été un ; mais environnée des ombres de la mort, le sang glacé dans les veines, jai longtems igno ma propre existence ; j’avois oublié jusquà mon malheur. Ah, Dieux ! pourquoi en me rappellant à la vie m’a-t-on rappellée à ce funeste souvenir !

Il est parti ! je ne le verrai plus
! il me fuit, il ne maime plus, il me la dit : tout est fini pour moi. Il prend une autre Épouse, il mabandonne, lhonneur ly condamne ; eh bien, cruel Aza, puisque le fantastique honneur de lEurope a des charmes pour toi, que n’imites-tu aussi lart qui laccompagne !

Heureuse Françoise, on vous trahit ; mais vous jou
ïssez longtems dune erreur qui feroit à présent tout mon bien. On vous prépare au coup mortel qui me tue. Funeste sincérité de ma nation, vous pouvez donc cesser dêtre une vertu ? Courage, fermeté, vous êtes donc des crimes quand loccasion le veut ?

Tu m
as vûe à tes pieds, barbare Aza, tu les as vûs baignés de mes larmes, & ta fuiteMoment horrible ! pourquoi ton souvenir ne marrache-t-il pas la vie ?

Si mon corps n
eût succombé sous leffort de la douleur, Aza ne triompheroit pas de ma foiblesse… il ne seroit pas parti seul. Je te suivrois, ingrat, je te verrois, je mourrois du moins à tes yeux.

Déterville, quelle foiblesse fatale vous a éloigné de moi
? Vous meussiez secourue ; ce que na pû faire le désordre de mon désespoir, votre raison capable de persuader, lauroit obtenu ; peut-être Aza seroit encore ici. Mais, ô Dieux ! déjà arrivé en Espagne au comble de ses vœux Regrets inutiles, désespoir infructueux, douleur, accable-moi.

Ne cherchez point, Monsieur, à surmonter les obstacles qui vous retiennent à Malthe, pour revenir ici. Quy feriez-vous ? fuyez une malheureuse qui ne sent plus les bontés que lon a pour elle, qui sen fait un supplice, qui ne veut que mourir.


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