Deuxième version


LETTRE TRENTE-
SEPT.

AU CHEVALIER DÉTERVILLE.

A
Malthe.

A

VEZ-VOUS
pû, Monsieur, prévoir sans remords 1 le

chagrin mortel que vous deviez joindre au oonheur que vous me prépariez ? Comment avez-vous eu la cruauté de faire précéder votre départ par des circonilances si agréables, par des motifs de reconnoissance si pressans, à moins que ce ne fût pour me rendre plus fcnfible a votre desespoir & à votre absence ? Comblée il y a deux jours des douceurs de

amitié, j'en éprouve aujour'hui les peines les plus ameres.

Céline toute affligée qu
'elle n t, n'a que trop bien exécuté os ordres. Elle m'a présenté za d'une main, & de l'autre otre cruelle Lettre. Au comle de mes vœux la douleur est fait sentir dans mon ame; n retrouvant l'objet de ma ndreffe, je n'ai point oublié ue je perdois celui de tous es autres sentimens. Ah, Déerville ! que pour cette fois otre bonté est inhumaine !

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ais n'espérez pas exécuter usqu'à la fin vos injustes réo lutions ; non, la mer ne nous é parera pas à jamais de tout e qui vous eil cher ; vous enenarez Drononcer mon nom.

vous recevrez mes Lettres , vous écouterez mes prières ; le fang & l'amitié reprendront leurs droits sur votre cœur ; vous vous rendrez a une famille à laquelle je fuis respon.

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able de votre perte.

Quoi ! pour récompense de tant de bienfaits, j
'empoifonnerois vos jours & ceux de votre sœur ! je romprois une si tend re union ! je porterois le désespoir dans vos cœurs, même en jouiflant encore des eflets de vos bontés ! non ne le croyez pas, le ne me vois qu'avec horreur dans une maison que je remplis de deuil; je reconnois vos foins au bon traitement que je reçois de Céline, au moment même où je lui

rdonnerois de me haïr ; mais icis qu'ils soient, j'y renon, & je m'éloigne pour jaais des lieux que je ne puis uffrir, si vous n'y revenez.

ais que
vous êtes aveugle.

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terville ! Quelle erreur vous traîne dans un dessein si conaire à vos vûes ? Vous vou.

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z me rendre heureuse, vous ? me rendez que coupable; us vouliez sécher mes lares, vous les faites couler, Se us perdez par votre éloi.

ement le fruit de votre faifice.

Hélas ! peut
- être n'auriezous trouvé que trop de douur dans cette entrevûe, que dus avez cru si redoutable ur vous ! Cet Aza , l'objet

de tant d amour, n'cfl plus le même Aza , que je vous ai peint avec des couleurs si tendres. Le froid de son abord, l'éloge des Espagnols, dont cent fois il a interrom pu les doux épanchemens de mon ame, l'indifférence offensante avec laquelle il se propose de ne faire en France qu'un séjour de peu de durée; la curiosité qui l'entraine loin de moi à ce moment même : tout me fait craindre des maux dont mon coeur frémit. Ah, Déterville!

peut-être ne ferez-vous pas ong-tems le plus malheureux.

Si la pitié de vous-même ne peut rien sur vous, que les devoirs de l
'amitié vous ramènent; elle est le seul azile de 1 1

amour infortune. Si les maux ue je redoute alloient m'accaler, quels reproches n'auricz.

ous pas à vous faire? Si vous l'abandonnez, où trouverai: des cœurs sensibles à mes eines ? La générosité, jusqu'ici i plus forte de vos passions , éderoit-elle enfin à l'amour nécontent ? Non, je ne puis le roire ; cette soiblesse feroit illigne de vous; vous êtes incaa le de vous y livrer; mais enez m'en convaincre, si vous imez votre gloire & mon epos.

  Première version


LETTRE TRENTE-
QUATRE
Au Chevalier Déterville.

À
Malthe.


AVez-vous
pû, Monsieur, prévoir sans repentir le chagrin mortel que vous deviez joindre au bonheur que vous me prépariez ? Comment avez-vous eu la cruauté de faire précéder votre départ par des circonstances si agréables, par des motifs de reconnoissance si pressans, à moins que ce ne fût pour me rendre plus sensible à votre desespoir & à votre absence ? comblée il y a deux jours des douceurs de l’amitié, jen éprouve aujourd’hui les peines les plus ameres.

Céline toute affligée qu
elle est, n’a que trop bien exécuté vos ordres. Elle ma présenté Aza d’une main, & de lautre votre cruelle Lettre. Au comble de mes vœux la douleur s’est fait sentir dans mon ame ; en retrouvant lobjet de ma tendresse, je nai point oublié que je perdois celui de tous mes autres sentimens. Ah, Déterville ! que pour cette fois votre bonté est inhumaine ! mais n’esperez pas exécuter jusqu’à la fin vos injustes résolutions ; non, la mer ne nous parera pas à jamais de tout ce qui vous est cher ; vous entendrez prononcer mon nom, vous recevrez mes Lettres, vous écouterez mes prieres ; le sang & lamitié reprendront leurs droits sur votre cœur ; vous vous rendrez à une famille à laquelle je suis responsable de votre perte.

Quoi ! pour récompense de tant de bienfaits, j
empoisonnerois vos jours & ceux de votre sœur ! je romprois une si tendre union ! je porterois le désespoir dans vos cœurs, même en jouissant encore de vos bontés ! non ne le croyez pas, je ne me vois quavec horreur dans une maison que je remplis de deuil ; je reconnois vos soins au bon traitement que je reçois de Céline, au moment même où je lui pardonnerois de me haïr ; mais quels qu’ils soient, jy renonce, & je méloigne pour jamais des lieux que je ne puis souffrir, si vous ny revenez. Que vous êtes aveugle, Déterville !

Quelle erreur vous entraîne dans un dessein si contraire à vos vues ? vous vouliez me rendre heureuse, vous ne me rendez que coupable ; vous vouliez sécher mes larmes, vous les faites couler, & vous perdez par votre éloignement le fruit de votre sacrifice.

Hélas ! peut
-être nauriez-vous trouvé que trop de douceur dans cette entrevue, que vous avez cru si redoutable pour vous ! Cet Aza, l’objet de tant damours, n’est plus le même Aza, que je vous ai peint avec des couleurs si tendres. Le froid de son abord, léloge des Espagnols, dont cent fois il a interrompu le plus doux épanchement de mon ame, la curiosité offensante, qui l’arrache à mes transports, pour visiter les raretés de Paris : tout me fait craindre des maux dont mon cœur frémit. Ah, Déterville ! peut-être ne serez-vous pas longtems le plus malheureux.

Si la pitié de vous-même ne peut rien sur vous, que les devoirs de l
amitié vous ramenent ; elle est le seul azile de l’amour infortuné. Si les maux que je redoute alloient m’accabler, quels reproches n’auriez-vous pas à vous faire ? Si vous m’abandonnez, où trouverai-je des cœurs sensibles à mes peines ? La générosité, jusqu’ici la plus forte de vos passions, céderoit-elle enfin à lamour mécontent ? Non, je ne puis le croire ; cette foiblesse seroit indigne de vous ; vous êtes incapable de vous y livrer ; mais venez men convaincre, si vous aimez votre gloire & mon repos.


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