Extrait tiré de : Ronsard, Les amours, 1553
Extrait proposé par : Caroline Trotot
O de Népenthe, et de liesse pleine
Chambrette heureuse, où deux heureux flambeaux,
Les plus ardents du ciel, et les plus beaux
Me font escorte après si longue peine.
Or je pardonne à la mer inhumaine,
Aux flots, aux vents, la trahison de mes maux
Puisque par tant et par tant de travaux,
Une main douce à si doux port me mène.
Adieu tourmente, adieu naufrage, adieu.
Vous flots cruels, aïeux du petit Dieu,
Qui dans mon sang à sa flèche souillée :
Ores ancré dedans le sein du port,
Par vœux promis, j’appends dessus le bord
Aux dieux marins ma dépouille mouillée.