Extrait tiré de : Anna de Noailles, Les éblouissements, 1907 (acheter l’œuvre)
Extrait proposé par : Extraits de textes diffusés dans les médias
Dans sa critique en une du supplément littéraire du Figaro du 15 juin 1907, Marcel Proust chante les louanges du recueil d’Anna de Noailles Les Éblouissements : « Dans un livre que j’aimerais écrire et qui s’appellerait les Six Jardins du Paradis, le jardin de Mme de Noailles serait, entre tous, le plus naturel, si je puis dire, le seul où ne règne que la nature, où ne pénètre que la poésie. »
Le poème « Surprise » extrait de ce recueil a été choisi par Oxmo Puccino pour sa rubrique « Les mots d’Oxmo » dans l’émission Clique de Canal+ du 29 avril 2020.
Je méditais ; soudain le jardin se révèle,
Et frappe d’un seul jet mon ardente prunelle.
Je le regarde avec un plaisir éclaté ;
Rire, fraîcheur, candeur, idylle de l’été !
Tout m’émeut, tout me plaît, une extase me noie,
J’avance et je m’arrête ; il semble que la joie
Était sur cet arbuste, et saute dans mon cœur !
Je suis pleine d’élan, d’amour, de bonne odeur,
Et l’azur à mon corps mêle si bien sa trame,
Tout est si rapproché, si brodé sur mon âme,
Qu’il semble brusquement, à mon regard surpris,
Que ce n’est pas le pré, mais mon œil qui fleurit,
Et que, si je voulais, sous ma paupière close
Je pourrais voir encor le soleil et la rose…