Extrait tiré de : Louise Ackermann, Poésies philosophiques, 1871 (acheter l’œuvre)
Extrait proposé par : Yann Houry
Bel astre1 voyageur, hôte2 qui nous arrives
Des profondeurs du ciel et qu’on n’attendait pas,
Où vas-tu ? Quel dessein3 pousse vers nous tes pas ?
Toi qui vogues au large en cette mer sans rives,
Sur ta route, aussi loin que ton regard atteint,
N’as-tu vu comme ici que douleurs et misères ?
Dans ces mondes épars4, dis ! avons-nous des frères ?
T’ont-ils chargé pour nous de leur salut lointain ?
Ah ! quand tu reviendras, peut-être de la terre
L’homme aura disparu. Du fond de ce séjour
Si son œil ne doit pas contempler ton retour,
Si ce globe épuisé s’est éteint solitaire,
Dans l’espace infini poursuivant ton chemin,
Du moins jette au passage, astre errant et rapide,
Un regard de pitié sur le théâtre vide
De tant de maux5 soufferts et du labeur6 humain.
1. Corps céleste visible à l’œil nu (comète, étoile, planète, etc.).
2. Personne qui reçoit l’hospitalité. Invité.
3. Projet, intention.
4. Dispersés, éparpillés.
5. Pluriel de « mal ».
6. Le labeur est un travail dur et pénible. Le labeur humain désigne la dure vie des hommes.